Depuis plusieurs mois, je cherche à démystifier la fonction Ressources Humaines et faire connaître l’envers du décor en startup !
La solution? Interviewer des entrepreneurs engagés !
L’objectif de ces portraits est double :
- montrer la réalité opérationnelle d’une startup
- mettre en avant les enjeux RH, la gestion des équipes, la culture d’entreprise et la fidélisation
Ces portraits d’entrepreneurs s’articulent en 3 parties : son portrait, sa vision des RH et ses inspirations.
Vincent et Jacques ont lancé y a 1 an Yoti pour permettre à des tonnes de jouets d’avoir une seconde vie !
Dans cet article, vous allez découvrir Vincent à travers son parcours, sa vision du management agile et ses inspirations !
Yoti est une entreprise de l’économie sociale et solidaire pleine d’avenir et avec des valeurs incroyables !
Je vous souhaite sincèrement d’atteindre tous vos objectifs et de pouvoir redonner vie à tous ces jouets ! Vous pouvez les retrouver sur Linkedin et sur leur site internet.
Son portrait
Qui es-tu? Quel est ton parcours ?
Vincent Correges, 29 ans, titulaire d’un diplôme d’expert comptable. A la fin de mes études, j’ai signé mon CDI dans un cabinet à Paris. L’expérience fut courte, 1 mois, car je ne me retrouvais pas dans les missions, la culture et l’ambiance de travail.
J’ai donc décidé de partir à Londres où les opportunités sont nombreuses même si vous n’avez pas les diplômes qu’il faut. J’ai trouvé un emploi dans la finance en tant que courtier en devises . J’ai adoré l’entreprise et le milieu.
Je suis passé de stagiaire à Head of desk en 3 ans … c’était une expérience incroyable ! Au-delà de la vente j’ai appris à recruter, former et manager des équipes.
Pendant le 1er confinement, j’ai pris le temps de réfléchir à mes envies et valeurs professionnelles. Je me suis convaincu qu’il y avait mieux à faire que de vendre des dollars à des entreprises qui importent toutes les semaines des produits de Chine ou d’ailleurs. Je suis donc rentré en France pour prendre le temps de réfléchir à un projet qui me motiverait.
L’entrepreneuriat s’est imposé pour 2 raisons principales : gagner en liberté et avoir la possibilité de créer un projet utile. J’ai sauté le pas grâce à Jacques, un ami d’enfance qui venait d’obtenir son diplôme d’avocat en droit de l’environnement et qui se posait les mêmes questions que moi.
On avait tous deux une sensibilité écologique et voulions devenir acteurs de l’économie sociale et solidaire. Nous nous sommes alors lancés dans une étude de plusieurs mois pour déterminer sur quel secteur on pourrait avoir une action rapide et concrète. Le sujet de la réutilisation et du recyclage des jouets s’est imposé.
On a donc créé Yoti qui avait le double avantage de proposer une solution à un problème récurrent et de répondre à une demande grandissante des consommateurs, celle de pouvoir acheter des jouets de seconde main.
Quelques mots sur Yoti ?
Yoti est parti d’un constat clair : il y a 100 000 tonnes de jouets jetées chaque année sans acteur de grande envergure sur le marché. Seulement 7% des jouets sont recyclés, principalement par les grandes associations caritatives françaises.
Face à ça, nous avons décidé de créer Yoti et d’être présent sur toute la chaîne de valeur : de la collecte à la commercialisation .
Yoti collecte des jeux et jouets auprès des particuliers, des écoles, des entreprises et des associations ne sachant pas traiter ce genre de déchets.
Au sein d’un atelier de 400m2, les jeux et jouets sont reconditionnés. Les processus mis en place garantissent une parfaite vérification de la complétude, de la propreté et de la sécurité des jeux et jouets, notamment grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle. L’enjeu majeur des jouets tourne autour du nombre important de catégories qui existent. On ne reconditionne pas des Lego de la même manière que des jeux de société ou des peluches, il faut inventer un processus dédié à chaque fois..
Par exemple, un programme informatique a été développé pour permettre de déterminer la complétude d’un puzzle en quelques secondes seulement, quand traditionnellement il fallait compter les pièces ou carrément faire le puzzle !
Une fois les jeux et jouets reconditionnés, ils sont stockés, présentés sur notre site e-commerce ou sur la boutique Yoti de Label Emmaüs, puis vendus.
L’argent collecté nous permet de réinvestir dans le développement de collecte innovantes, notamment pour aller chercher le gisement qui se trouve chez les particuliers, et d’améliorer les processus de reconditionnement pour sauver toujours plus de jeux !
Comment te présentes-tu lorsque tu es avec des personnes qui ne connaissent pas ton métier ?
Je leur dis simplement que je travaille dans le secteur des jouets reconditionnés avec comme ambition d’inventer de nouveaux process permettant de proposer une solution pour un maximum de jeux.
Comment se passe ta première année d’entrepreneuriat ?
J’en suis très content ! La collaboration avec Jacques se passe bien car nous sommes complémentaires. Une émulation saine et productive s’est mise en place.
Le projet avance bien, de gros partenariats sur la collecte sont en passe d’être signés, le fonctionnement de l’atelier commence à s’approcher de ce que l’on avait prévu et on a déjà fait de belles ventes sur le Label Emmaüs !
Bien évidemment, comme dans tout démarrage d’activité, nous devons faire face à des déconvenues mais nous trouvons des solutions et continuons d’avancer.
Quel a été ton plus gros challenge sur ces premiers mois ?
Notre atelier étant au sein d’un établissement pénitentiaire, il nous a fallu plusieurs mois pour trouver un accord permettant de respecter les règles de l’administration tout en ayant un atelier fonctionnel et prêt à démarrer. La bataille s’est surtout jouée autour d’internet puisque nos opérateurs doivent travailler avec un système d’information faisant appel à des bases de données cloud. Internet et la prison n’étant pas les meilleurs amis on a dû ajouter un certain nombre de sécurité hardware et software. Pour autant l’administration s’est beaucoup impliquée pour nous aider et faire en sorte que le projet aboutisse donc je préfère les remercier plutôt que de me plaindre !
Depuis octobre nous sommes tous les matins à l’atelier pour travailler avec les détenus et penser à des améliorations.
Sa vision des RH
Quand je te dis ressources humaines, quels sont les 3 premiers mots qui te viennent à l’esprit ?
ESSENTIEL : Avoir un bon process de recrutement, recruter les bonnes personnes, trouver des collaborateurs en qui tu as confiance, qui auront les compétences nécessaires pour t’aider à mettre en œuvre la vision des fondateurs et avec qui tu as envie de travailler, de rigoler, de déjeuner le midi . C’est pour moi essentiel pour le devenir de l’entreprise.
COMPLEXE : Il est important d’adapter son management et sa communication à chaque personne pour les motiver et aller de l’avant. Chaque collaborateur est différent et unique.
MOTIVANT : En tant que fondateur, il est primordial pour moi de montrer l’exemple et de pouvoir transmettre le savoir et les compétences apprises sur le terrain.
Quel est le plus important pour toi dans la gestion d’équipe ?
Pour moi, c’est d’être juste, sans préférence et rester professionnel peu importe la relation que l’on peut avoir avec le collaborateur.
Comment fidélises-tu ton équipe ?
Cela passera essentiellement par l’organisation du travail et le management par l’exemple. Nous sommes des adeptes de l’organisation OPALE et c’est ce que nous voulons développer chez Yoti. La confiance est le maître mot et le collectif permettra d’atteindre nos objectifs.
Quelles sont les thématiques Ressources Humaines les plus délicates pour toi ? Pourquoi ?
A ce jour, ce qui nous a paru le plus délicat c’est le recrutement. Trouver un bon processus qui permette de trouver le collaborateur qui matche autant sur les compétences que sur les soft skills.
La seconde est la gestion administrative avec la paie, les notes de frais, les absences etc. mais la j’enfonce des portes ouvertes, beaucoup d’entrepreneurs ont le même problème..
Comment vois-tu le rôle d’un(e) RH dans ton équipe ?
J’aimerais que ce soit une personne de l’équipe qui aurait un rôle transversal . En un mot : un RH de proximité qui connaîtrait tous les collaborateurs afin de pouvoir remonter les difficultés de chacun.
Son rôle serait aussi de transmettre aux candidats les valeurs et l’organisation de Yoti et de mettre à l’aise les jeunes diplômés afin de voir le potentiel de chacun.
Ses inspirations
Un(e) entrepreneur(e) qui t’ inspire ?
Elon Musk car il se lance sur des projets que tout le monde pense impossible. Il arrive à fédérer les gens autour de lui. Il est très pragmatique et opérationnel. C’est un génie dans sa façon d’organiser ses entreprises et de manager ses salariés.
Une émission que tu suis ?
Laurent Martinez sur Youtube. C’est une chaîne qui explique les mécanismes qui se cachent derrière les émotions et les schémas de pensée.
Pendant ton temps libre, qu’est ce qui t’ évade ?
J’aime beaucoup l’histoire, notamment Henri Guillemin et découvrir différentes villes françaises.
Quelles sont les prochaines étapes pour toi ?
Il y en a 2 principales :
- Rendre Yoti rentable, Jacques et moi voulons absolument créer un modèle économique équilibré qui ne dépend pas des subventions publiques, par définition aléatoires et changeantes.
- Atteindre nos objectifs en terme de production dans l’atelier et lever nos doutes concernant certains process.
0 commentaires